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nous entendions le bruit que produit le serpent glissant dans les hautes herbes. Là n’est pas le danger pour le voyageur qui veille sur lui-même. En donnant au reptile l’arme terrible du venin, la Providence lui a inspiré la crainte de l’être animé. Les serpents fuient devant l’homme, et le bruit des pas de ce dernier suffit pour faire sauver toute la nichée. À moins donc de mettre le pied sur un reptile lové ou de se trouver en présence d’une femelle pleine, il n’y a rien à redouter.

Mais les tigres et les autres bêtes féroces sont très-communs dans les Ghattes : leurs cris rauques jettent l’épouvante au milieu de ces immensités. En descendant la pente des montagnes Rouges, notre caravane fut subitement attaquée par une famille de léopards qui lui aurait fait un mauvais parti sans la défection inattendue, du gros de la troupe. L’un de mes guides venait de blesser leur chef de file : au bruit de la détonation, les jeunes léopards s’élancèrent dans les bois : la mère détala à leur suite.

Le grand léopard ne fit qu’un bond sur le guide qui l’avait blessé ; j’épaulai mon fusil et je lâchai mes deux coups sur le monstre qui, atteint à la tête par mes balles, tomba lourdement sur le sol. Il essaya bien, en se débattant contre la mort, de saisir les chasseurs ; mais une quatrième balle eut raison de sa résistance ; il se roidit une dernière fois et expira.