fraîche et embaumée se joue au milieu de vastes parterres de fleurs. Les jardins se retrouvent partout, tantôt dans le fond des vallées où les fleurs boivent les eaux du fleuve sacré, tantôt épanouis entre des troncs d’arbres séculaires ou sur des terrasses comme les jardins suspendus de Babylone.
Le pèlerinage des Nelghéries est, pour les riches habitants de Madras, de Pondichéry ou de la ville anglaise de Trichenapoly, un rendez-vous de villégiature. Ils vont s’y retremper chaque année pendant les mois de juillet et d’août, à l’époque des plus fortes chaleurs, des fatigues des dix autres mois, et le repos qu’ils trouvent dans ce cercle de fleurs, sous une température relativement fraîche, est véritablement réparateur.
Quant aux habitants de la côte du Malabar, ils ne dépassent pas ordinairement la chaîne des Ghattes, qui atteignent une hauteur de 700 mètres ; les plus hardis poussent jusque dans la vallée de Gourg. Je dis les plus hardis, car, pour franchir les montagnes, il faut qu’ils comptent avec la population de forêts à peine explorées, composée de tigres, de léopards, de singes à longue queue et de reptiles de toute espèce.
Le moyen de locomotion le plus commode pour se rendre de la côte de Coromandel aux contre-forts des Nelghéries est tout à fait primitif. C’est la charrette à bœufs des anciens rois fainéants. On va lentement, sans doute ; mais on se fatigue moins que par tout autre