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affreux badigeonnage ? demanda le procureur général.

— Oui, attirés et fascinés par l’éclat de ces couleurs, les yeux des divinités malfaisantes ne verront point les splendeurs et les riches proportions de votre demeure. Ainsi toutes les mauvaises inspirations que suscitent leur jalousie et leur colère vous seront épargnées, vous vivrez heureux sous la protection des dieux propices.

— Vous croyez que vos dieux peuvent être jaloux de simples mortels ?

— Incontestablement, non pas Brahma le Créateur, non pas Wichnou le Conservateur, pas même Siva le Destructeur, trop haut placé pour vouloir moins que des catastrophes grandioses, mais les dieux de la suite de Siva, les dieux méchants sont terriblement envieux et ils ne se gênent point pour tracasser un homme.

— C’est bien mesquin de la part de ces immortels.

— Que voulez-vous ? cela les distrait et maintient ici-bas une salutaire crainte, une discipline dont les grands dieux n’ont guère le temps de s’occuper.

— Et vous êtes sûr que votre badigeonnage me met à l’abri des vexations des petites divinités ?

— Aussi sûr que je le suis de causer avec vous en ce moment. Je vous affirme que ces couleurs les aveuglent et qu’elles vous laisseront tranquille.

— J’accepte en ce cas le barbouillage, quoique je tienne vos petits dieux pour de pauvres hères.

— Ah ! ne blasphémez point, car s’ils ne vous voient