cent ; une couche de charbon enflammé le tapissait.
La foule se tenait à une distance de vingt pas au moins, repoussée par l’intolérable chaleur projetée par cette fournaise. Dans l’espace réservé, en face du char sur lequel trônait la divinité, se pressait un groupe d’hommes, de femmes et d’enfants, vêtus de costumes aux couleurs éclatantes, la figure et les bras barbouillés de poudre de sandal, la tête et le cou chargés de ces colliers de fleurs blanches dont on fait un usage continuel dans les fêtes indiennes et dont le parfum pénétrant ressemble à celui du seringa double.
Le groupe semblait animé d’une sorte d’alacrité impatiente et fébrile. À un signal convenu, les martyrs s’ébranlent et vont au dieu l’un à la suite de l’autre, d’un pas tranquille et lent. Une forte odeur de chair brûlée, se répand aussitôt.
J’avais détourné la tête par un sentiment instinctif de dégoût et d’horreur ; mais je ne pus échapper à un incident de cette triste scène : un jeune enfant de sept à huit ans à peine, que son père tenait par la main, trébucha sur les charbons ardents et s’étendit tout de son long.
Il fut immédiatement relevé : pas un cri ne se fit entendre ; seulement la marche vers le dieu fut accélérée, et je pus voir les malheureuses victimes de la superstition se prosterner devant le char et réclamer à la divinité le prix de leurs sacrifices.