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eu le courage d’agir comme elle le fit. Sans même prévenir son mari, elle acheva sa toilette et se rendit à l’hôtel du Gouvernement, où elle ne manqua pas une valse, pas une polka, pas un quadrille.

Le récit de son accident l’y avait précédée, car mon barbier, qui venait de me le raconter, l’avait sans doute raconté à d’autres, et il n’était bruit que de cela au moment où elle parut. Je n’ai pas besoin d’ajouter qu’elle fut l’héroïne de la soirée.

Il y avait beaucoup de monde ce soir-là ; on l’entoura, on la félicita, et le prestige de sa beauté, accentuée par des cheveux d’un rouge vif, relevé encore par le courage qu’elle venait de révéler, lui valurent, entre autres hommages, les attentions d’un jeune et riche officier anglais de la garnison de Goudelour, auquel elle accorda plusieurs contredanses.

N’y tenant plus, ce gentleman finit par lui décocher une déclaration en règle.

— Madame, lui dit-il, je vous admire comme tout le monde ici ; mais, depuis quelques instants, je sens que je vous aime comme personne ne vous aimera jamais : j’ai, en conséquence, l’honneur de vous demander votre main.

— Ce serait peut-être avec plaisir que je vous l’accorderais, monsieur, si elle était libre.

— Elle n’est pas libre ? vous n’êtes donc pas veuve ?

— Je suis mariée.