CHAPITRE XXXVI
UNE JOLIE FEMME ET UN SERPENT
Mon barbier vint exprès un soir m’apprendre, quelques instants après l’événement, un trait de courage et de sang-froid de la part d’une femme ; ce trait mérite d’être rappelé ici.
Elle se préparait à se rendre au gouvernement, seule, bien entendu, son mari ayant manifesté la volonté de ne pas quitter ses chères collections. Madame avait pris son parti depuis assez longtemps déjà de ces fins de non-recevoir de son époux ; elle se disposait donc à faire une toilette irrésistible : son aya venait de quitter son boudoir pour aller chercher je ne sais quel objet réclamé par sa maîtresse. Celle-ci s’était assise, en attendant sa camériste, lorsqu’elle sentit tout à coup glisser sur sa cuisse un corps froid et visqueux.
C’était un serpent, entré dans la chambre on ne sait comment, et qui venait de s’enrouler autour de sa jambe.