Page:Chauvet - L Inde française.djvu/205

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Mais je ne t’ai rien offert du tout.

— L’intention de monsieur était de m’offrir. Il a jeté ses caches sur la table avec un geste qui signifiait : c’est pour toi.

Devant cette explication, je ne pouvais m’empêcher de rire, et j’étais désarmé.

Antou achevait de m’étourdir avec une phrase peu modeste, mais qu’il articulait avec une assurance tout à fait digne de son caractère :

— Saheb, disait-il, est le premier des maîtres et Antou le premier des dobachis de l’Inde !

Au fond, il avait de solides qualités, et j’eus souvent à me louer de ses services durant les deux années de mon séjour à Pondichéry. Il a été de toutes mes excursions et s’est rendu réellement utile en diverses circonstances.

Ce garçon était fort intelligent ; seulement il possédait une vanité poussée à l’extrême et se croyait volontiers un personnage important, parce qu’il se prenait pour un fonctionnaire public. Il émargeait au budget, en effet, mes domestiques étant à la charge de la colonie, et ce simple émargement le rehaussait à ses yeux de cent coudées.

— Nous autres employés de l’État, avait-il coutume de dire à ses collègues de l’office, nous sommes au-dessus des domestiques de M. tel ou de M. tel qui étaient un si grand luxe.