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cette mauvaise barque qui l’a soustrait aux bras amoureux d’une potence à laquelle on l’avait fiancé.

— Ah ! bah ! s’écria L…, et d’où venez-vous, cher confrère ?

— Du Pérou ; les juges n’y sont pas aimables… et vous ?

— Moi, je viens du Chili ou plutôt je foule encore sa terre inhospitalière et je voudrais bien m’en aller, car la justice chilienne, qui ne vaut pas mieux que celle du Pérou, est ici sur son domaine.

— J’ai une idée, dit l’Anglais, je vous la communiquerai en route, si vous voulez bien accepter un passage sur mon vaisseau.

— Et vers quel rivage mettrons-nous le cap ?

— Vous ne pouvez rester au Chili ; je ne puis aller au Pérou : cinglons vers le Brésil, à moins que vous n’ayez une préférence quelconque.

— Je n’en ai aucune : la vie est bête partout ; les gens, qu’ils soient civilisés ou non, sont odieusement méchants ; je déteste le monde, les hommes et les femmes surtout ; mon intention est de me cacher dans quelque bois touffu et impénétrable et d’y mourir le plus tôt possible.

— C’est la proposition que j’allais vous faire. Comme vous, je n’ai plus rien à attendre de la société ; j’ai vidé d’un trait la coupe des plaisirs, il ne me reste qu’une douzaine de guinées. Allons au Brésil ; nous emploie-