propre à réunir le plus de bijoux possible, non pour orner les statues de leurs divinités, mais pour en parer le cou, les oreilles, les mains et les pieds de leurs danseuses, le jour des grandes représentations.
La pagode qui couvre ses danseuses des plus beaux ornements est plus sainte et plus honorée que la pagode rivale. Ses prêtres obtiennent du même coup une plus grande autorité, et, par suite, jouissent d’une plus profonde estime.
Or, le moyen de réunir beaucoup de bijoux est fourni par les Bayadères qui les reçoivent des étrangers et les rapportent fidèlement à leurs brahmes. L’émulation est soigneusement entretenue parmi ces femmes, les conseils ne leur sont pas épargnés, et elles ne sentent point, dans leur ignorance, que cette émulation malsaine les pousse dans la voie d’une dépravation, inconsciente d’abord, calculée ensuite.
Il existe néanmoins une sorte de correctif à tant de dépravation. Dans un pays où l’idée de la pudeur existe à peine, les bayadères rencontrent de redoutables rivales parmi les jeunes filles que les étrangers payent à leurs familles un prix convenu et qu’ils gardent, non pas à titre d’esclaves, l’esclavage n’existant plus dans l’Inde, mais à titre de servantes.
Les résidents traitent directement avec les familles qui ne se croient nullement déshonorées en livrant leurs filles, lesquelles leur reviennent plus tard avec