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Le mariage du général le changea du tout au tout. Il acheta un cheval qu’il décora du nom de Beaupoil et une victoria d’occasion. Il sacrifia sa longue moustache grisonnante sur l’autel de l’hyménée — sa jeune femme avait exigé ce sacrifice — et, pour faire oublier sans doute la différence d’un quart de siècle qui existait entre eux, on ne le vit plus qu’en habits d’une blancheur immaculée, consciencieusement pommadé, parcourant la ville dans tous les sens, étendu dans sa voiture que traînait encore assez prestement le poussif mais brave Beaupoil.

En très-peu de temps de ce régime gymnastique, la bête infortunée dut être remise à l’écurie, pour n’en plus sortir et un peu plus tard envoyée à l’abattoir, c’est ce qui semble résulter du couplet suivant d’une chanson faite sur le général :


Beaupoil, qui vous portait naguère,
Maugréait contre le destin :
On rencontrait le pauvre hère
Trottinant du soir au matin.
Brisé par des courses rapides,
Mis sur les flancs, le malheureux
A réclamé les invalides :
Beaupoil n’était pas amoureux.


Les petits soins du général pour celle qui avait consenti à porter son nom, sa soumission à ses désirs, et même à ses caprices, devinrent bientôt le sujet de toutes