Midi, la mer était calme, et notre paquebot, mû par une puissante machine, glissait à sa surface comme le goëland sur l’écume des flots. En quelques heures, tout le monde était installé à bord comme s’il y était depuis des mois.
Malgré le beau temps, un très-petit nombre de passagers répondirent à l’appel du dîner. La plupart voulaient laisser passer les premières heures du voyage avant de se risquer à table ; d’autres souffraient déjà de ce mal étrange qui disparaît avec la cause qui le produit ; ils étaient de ceux que l’air salin seul incommode et qui, en dépit des circonstances les plus favorables, payent inexorablement leur tribut à la mer.
Le soir, cependant, par une belle nuit étoilée, après une journée de chaleur presque tropicale, le pont se peupla peu à peu, et bientôt l’avant et l’arrière se trouvèrent encombrés. Le navire sillonnait les flots avec une grande vitesse, laissant dans son sillage une écume phosphorescente qu’on aurait dit formée par des myriades de lucioles.
Quel admirable spectacle ! Un ciel d’azur tout constellé d’étoiles reflétant leurs clartés dans la mer bleue, l’immensité au-dessus et tout autour de l’arche mobile ; aucun bruit si ce n’est le bruit régulier du piston, aucun mouvement autre que la trépidation produite par le fonctionnement de la machine.
Tout à coup, au milieu d’un solennel silence, une