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CHARLES GUÉRIN.

jour, près d’une grande croix noire, au bord du chemin, à une demi-lieue à peu près de la demeure de madame Guérin, un jeune homme et une jeune fille étaient à genoux et priaient.

Une légère voiture, qui contenait deux jeunes filles élégamment vêtues et dont l’une tenait les rènes sans trop d’embarras, passait lentement près de cet endroit.

— Vois donc, Clorinde, dit l’une, est-ce le jeune Guérin, dont ton père nous parlait l’autre jour, qui fait si dévotement sa prière au pied de la croix de la mission ?

— Non, ma chère, ce n’est pas celui dont papa nous parlait. Nous avons appris aujourd’hui, qu’il s’était embarqué à bord d’un vaisseau comme matelot. Celui-ci, c’est Charles, qui va prendre la soutane dans quelques jours.

— Tiens ! mais sais-tu que c’est un très joli garçon ? Vois donc quel air de distinction il y a dans toute sa personne. Sa sœur est aussi bien gentille.

— Oh ! oui, répliqua mademoiselle Wagnaër, ces jeunes Guérin étaient destinés à être des hommes très brillans ; celui-ci surtout. C’est bien dommage, qu’il se fasse prêtre !