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AVIS DE L’ÉDITEUR.


La publication des œuvres littéraires dans notre pays est, comme chacun le sait, entourée des plus grandes difficultés. Déjà très peu considérable, la classe des lecteurs se divise en deux parties ; l’une ne lit guères que le français ; l’autre lit l’anglais presqu’exclusivement. Les publications de l’étranger, surtout les éditions belges des ouvrages français, et les réimpressions qui se font aux États-Unis des ouvrages anglais, sans compter la Semaine Littéraire fondée à New-York par M. Gaillardet, inondent le Canada de tout ce qui se publie de plus intéressant à Londres et à Paris. La littérature canadienne est donc étouffée nécessairement dans son berceau, soit qu’elle s’efforce de revêtir l’idiôme que la France nous a légué, soit qu’elle essaie de parler la langue de Shakspeare et de Byron.

Il ne faut pas alors s’étonner si, malgré le nombre considérable de Canadiens qui cultivent les lettres, très peu d’entre eux aient voulu risquer la publication d’un ou de plusieurs volumes. On se borne généralement à quelques œuvres éphémères jetées dans le tourbillon de la presse politique, et destinées à l’oubli, aussi prompt que