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CHARLES GUÉRIN.

toute la friperie du défunt. En écartant les vieux habits, on trouva une petite armoire pratiquée dans le mur, et dont il fallut enfoncer la porte, faute de pouvoir s’en procurer la clef. L’armoire contenait deux boîtes de fer blanc toutes deux fermées avec des cadenas. Il fallut encore briser ces deux boîtes en présence des officiers de justice. La plus grande renfermait une foule de titres, obligations, billets, reçus et autres papiers classés avec soin. On ne trouva dans la plus petite qu’un vieux livre de comptes. On allait cesser toutes perquisitions, lorsque M. Germain s’avisa de feuilleter le vieux livre. Il s’en détacha trois feuilles de papier d’une autre couleur et fraîchement écrites. Le notaire en fit la lecture et l’on écouta dans un religieux silence ce qui suit : —

« Aujourd’hui, le seizième jour de juillet de l’année mil huit cent trente deux, moi, François Richard Dumont, avocat de profession, Canadien-Français de naissance, et Chrétien et Catholique de Religion, ayant entendu parler de plusieurs morts subites, qui auraient eu lieu dans cette ville, ai écrit de ma propre main mon présent testament et acte de dernières volontés.

1 ° « Je désire être enterré avec les cérémonies de ma Religion que je regrette de n’avoir pas mieux pratiquée. J’affecte vingt-cinq livres courant à ma sépulture ; on ne devra dépasser cette somme sous aucun prétexte.

2 ° « Je veux que mes dettes soient payées ; mais je recommande à mon exécuteur testamentaire et à mes légataires universels d’examiner avec soin toute réclamation vieille de plus de trois mois et de la contester au besoin ; car je n’ai jamais laissé accumuler les comptes, particulièrement ceux des shérifs, greffiers, huissiers et autres officiers subordonnés de la justice, que je payais toujours comptant. »

3 ° « Je donne et lègue au curé de ma paroisse vingt-cinq livres courant pour ses pauvres. J’ai fait la charité autant que j’ai pu de mon vivant, et j’ai toujours vécu en honnête homme. »