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CHARLES GUÉRIN.


V.

LES DERNIERS ADIEUX.



CE n’était pas une illusion : c’était bien son frère que Charles avait ainsi retrouvé sur la fosse de leur mère.

Après avoir mené quelque temps une vie aventureuse et dissipée, essayé différens genres d’existence, parcouru plusieurs contrées de l’Europe, Pierre Guérin, à la suite d’une maladie sérieuse, qui l’avait conduit au bord de la tombe, s’était retiré dans un couvent de moines en Italie et n’avait pas tardé à recevoir les ordres. Le mal du pays lui étant venu en même temps que la vocation religieuse, il obtint d’être admis à la prêtrise et de laisser le couvent pour revenir au Canada. Il n’avait point fait les vœux d’un régulier, et se trouvait libre sous ce rapport.

Arrivé à Québec au plus fort de l’épidémie, avec ce zèle exclusif et ce profond détachement du monde qui sont les premiers indices d’une véritable vocation religieuse, il s’était mis, en débarquant du vaisseau, à la disposition de l’évêque qui, sans perdre de temps, l’avait adjoint à son église vraiment militante. Le soir du même jour, comme tous les autres prêtres étaient occupés auprès des malades, il s’était trouvé chargé du soin des sépultures. Dans les informations qu’il avait pri-