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CHARLES GUÉRIN.


IV.

LE CIMETIÈRE ST. LOUIS.



LA guillotine fut importée en France au moment où le tribunal révolutionnaire allait être établi à Paris. Le Dr. Guillotin, occupé de recherches scientifiques, n’avait pour but, en indiquant ce mode de supplice, qu’un projet tout philanthropique, celui de diminuer les souffrances des condamnés, et de faire disparaître l’idée d’infamie attachée aux autres peines. Mais lorsqu’on songe au rôle affreux de cette affreuse machine, venue au monde en même temps que les bourreaux et les assassins dont elle devait être le complice et le serviteur fidèle, on ne peut trop s’étonner des étranges coïncidences, des rapprochemens effrayans qu’il y a dans la marche de certains évènemens, qui s’appellent les uns les autres dans les profondeurs de la pensée providentielle comme l’abîme appelle l’abîme…

Cette réflexion nous est suggérée par une autre coïncidence du genre terrible, qui s’est présentée dans l’histoire des ravages du choléra à Québec. La fabrique de Notre Dame hésitait depuis longtemps à faire l’acquisition d’un terrain en dehors des murs de la ville pour y faire une espèce de Père-Lachaise, l’accroissement de la population rendant depuis longtemps insuffisant le vieux cimetière dit des Picotés, situé au centre de la