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CHARLES GUÉRIN.


VII.

JEAN GUILBAULT.



DEPUIS sa liaison intime avec M. Voisin, et particulièrement depuis qu’il était devenu amoureux de Mlle Wagnaër, Charles avait considérablement négligé son ami Guilbault.

Celui-ci heureusemenl n’était pas d’humeur à s’en offenser. Comme il n’y avait pas trace d’égoïsme dans son caractère, il était aussi peu exigeant envers ses amis, que rempli de dévouement pour eux dans toutes les circonstances.

En voyant Charles se lancer dans le grand monde, et adopter un genre de vie pour lequel il avait, lui, une antipathie si prononcée, il lui dit nettement et carrément, et une fois pour toutes ce qu’il en pensait ; mais il n’en continua pas moins à l’aimer et à l’estimer. Il ne s’étonna point de ce qu’il préférât la compagnie d’Henri Voisin, qui l’accompagnait partout dans le monde, à la sienne ; et il se dit : à quelque bon matin, Charles se fatiguera de toutes ces folies, il sera temps alors de lui parler de choses sérieuses.

L’étudiant en médecine suivait sa profession avec ardeur. Il n’épargnait ni l’étude, ni l’assiduité chez le patron, et sa pas-