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CHARLES GUÉRIN.

À quoi suis-je bonne maintenant ? Je ne travaille pas de la journée et je ne dors pas de la nuit. J’ai des idées épouvantables dont je ne puis me défaire. •. • Que vais-je devenir ?… Mon Dieu ! Mon Dieu ! ayez pitié de moi !

Oh ! mot je veux mourir,
C'est assez parcourir
Le monde, vaste plaine
Où croit partent la peine.

Oh ! moi je veux mourir,
Je ne veux plus nourrir
Dans mon cœur l’espérance,
Cette longue démence.

Oh ! moi je veux mourir,
Mon corps ira pourrir
Sous quelque blanche pierre,
Implorant la prière.

Oh ! moi je veux mourir,
D’ici je veux partir.
Et laisser en arrière
Toute vile barrière.

Oh ! moi je veux mourir ;
Qui pourrait retenir
L’essor de la colombe !
Qui peut fermer la tombe !

Oh ! moi je veux mourir,
Je saurai bien ouvrir
Des morts la noire porte,
Pour que mon âme sorte.

Oh ! moi je veux mourir ;
En me voyant périr,
Qu’importe qu’on décrie :
Si jeune et plus de vie !

Que me feront à moi,
Les clameurs et l’effroi,
Qu’une jeune victime
Fait toujours, en tombant
Dans l’éternel abîme,
Du trépas dévorant

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Que me feront à moi

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