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CHARLES GUÉRIN.

TROISIÈME PARTIE.


I.

SOUS LES SAPINS.



AU bout de la terre de Jacques Lebrun, sur la lisière du bois se trouvait une longue suite de grosses roches, recouvertes, pour la plupart, de mousses épaisses et de lichens, et entre lesquelles s’élevaient sapins à la sombre verdure. Au pied des sapins à travers les cailloux, un ruisseau qui, dans les grandes eaux devenait un torrent, précipitait une onde fraîche et écumante.

C’était une des plus chaudes journées de l’été. Un soleil ardent desséchait l’herbe des prairies, et à travers le feuillage épais, dardait quelques-uns de ses rayons jusque dans la profondeur des bois. Les oiseaux se taisaient comme accablés par la chaleur ; on n’entendait que le chant de la cigale et le bourdonnement de quelques autres insectes. Il était trois heures de l’après-midi, la chaleur était parvenue à son apogée, et l’endroit que nous venons d’indiquer offrait un asile qui n’était