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CHARLES GUÉRIN.

VII.

UN BAL CHEZ M. WAGNAËR.



A PEINE deux mois s’étaient-ils écoulés depuis la conversation que nous venons de rapporter, que Charles laissait pour la troisième fois l’étude de son patron et sa petite mansarde. C’était encore vers sa paroisse natale qu’il se dirigeait. L’amour filial n’était cependant point le seul motif de cette troisième excursion.

Les idées de Madame Guérin avaient germé chez son fils et fructifié à merveille. Malgré tous ses beaux projets, il n’avait pas ôsé livrer l’assaut que nous lui avons vu méditer avec tant de courage ; puis, petit-à-petit, il avait si bien parlementé avec sa conscience, qu’il avait fini par renoncer à toute explication. Il n’y avait pas loin de là à l’entière apostasie de son premier amour.

Belle, enjouée, unissant à toutes les grâces de la jeunesse toutes les séductions de la bonne compagnie, tous les riens charmans qui ne s’apprennent qu’à cette école, et qui font tant d’impressions sur un jeune homme, Clorinde acheva de faire oublier la jeune villageoise.