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CHARLES GUÉRIN.

un voyage comme celui que tu as fait, avoir passé une journée pareille ! J’avais pourtant des choses bien sérieuses à te dire : je voulais avoir une longue conversation avec toi ; mais ça sera pour demain. Il faut, mon pauvre enfant, que tu t’occupes d’affaires importantes, car, vois-tu maintenant, il n’y a plus que sur toi que nous comptions. Tu es l’espoir de la famille. Ainsi, après t’être bien amusé aujourd’hui, demain matin, tu viendras entendre la messe avec moi et ensuite nous parlerons d’affaires. »

Charles pâlit à ce discours. Sa mère avait-elle su d’avance ce qu’il avait à lui dire ? Quelles étaient ces grandes affaires dont elle voulait l’entretenir ? Il était pour le moins bien étrange qu’elle lui offrit ainsi l’occasion d’une explication qu’il désirait si fort. Toutefois, comme il la redoutait presqu’autant qu’il la désirait, il ne fut pas fâché de la voir ajournée au jour suivant, et las des fatigues de la veille, et des plaisirs du jour, il s’en fut dormir, la tête pleine de projets, de craintes et d’espérances pour le lendemain.