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CHARLES GUÉRIN.

V.

LE PREMIER JOUR DE MAI.

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QUELQUES jours après son retour à Québec, Charles répondit à la lettre de Louise, et lui annonça qu’il irait passer à la maison paternelle les premières semaines du mois de mai. Il obtint aisément de M. Dumont ce nouveau congé, par forme de compensation au voyage que ce bon patron lui avait fait faire sans le consentement de madame Guérin. Le brave suppôt de Thémis se contenta de penser en lui-même que, de vacances en vacances, son élève ne prenait pas le chemin de devenir pour lui on rival bien dangereux, et qu’il n’avait pas à craindre pour son propre compte ce qui arrivait déjà au ci-devant patron de M. Henri Voisin.

Cependant l’intervalle d’un mois, qui s’écoula entre les deux excursions de l’étudiant, fut sagement employé. On se rappelle qu’au sujet de Clorinde Wagnaër, dont il avait été amoureux en imagination pendant près de quinze jours, notre héros avait entrepris de sérieuses études que la maladie funeste du caprice, aidée, développée chez lui par un ami perfide et intéressé à son malheur, lui avait fait bientôt abandonner. L’amour réel qu’il éprouvait pour Marie et les pressantes recom-