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CHARLES GUÉRIN.

II.

LA MI-CARÊME.



ÉCOUTEZ donc, vous autres, savez-vous que j’avons un grand personnage dans la paroisse ?

— Quoi, c’te p’tite jeunesse que Jacques Lebrun a amenée de la ville ?

— Justement. On dit qu’il va s’marier avec Marichette.

— Pas si bête, Lebrun ! d’aller comme ça chercher un mari à sa fille…

— Ecoute donc papa ; c’te année, c’est les filles qui d’mandent les garçons. Quant t’iras en ville, tu m’en apporteras un ?

— Tiens, voyez donc… c’te Françoise, comme c’est espiègle !

— C’est beau d’voir comme la Marichette se rengorge.

— Excusez. C’est pu Marichette, pas en toute… c’est Mam’zelle Marie, gros comme le bras.

— Mademoiselle Marie Lebrun, si vous plé !

— Elle a laissé la p’tite jupe de dragué, et le mantelet d’inguienne.

— Elle faraude comme un’grand’dame.

— Elle ne met plus d’câlines ; elle se coëffe en ch’veux.

— Comm’si l’bon Dieu nous avait pas tous coëffés de même !

— Elle travaille pu, pas en toute. C’est la mère Paquet qui fait tout le train d’la maison et du dehors.