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CHARLES GUÉRIN.


SECONDE PARTIE.


I.

MARICHETTE



JACQUES LEBRUN, depuis la mort de sa femme, s’était imposé les plus grands sacrifices pour donner à sa fille unique ce que l’on appelle une bonne éducation ; c’est-à-dire qu’il l’avait renfermée pendant trois ans dans un couvent où, grâce au progrès qu’ont faits ces maisons d’éducation, elle avait appris une foule de choses, qui contrastaient singulièrement avec sa position. Ainsi Mademoiselle Marie Lebrun était de première force sur le piano, et elle n’avait à sa disposition d’autre instrument de musique que la chaudière de ferblanc dont elle se servait pour traire elle-même les vaches de la ferme. Elle s’était donné beaucoup de peines pour apprendre l’anglais, et il ne se trouvait pas autour d’elle une seule personne qui comprît un mot de cette langue. Elle savait broder et peindre, et le jour même