son fils, à l’égard de la science profonde du droit et de la science aussi noble à ses yeux de la procédure : mais par pitié pour la pauvre mère, il avait résolu d’attendre encore quelque temps ; lorsqu’il reçut la visite d’un de ses beau-frères, riche cultivateur d’une des plus belles paroisses du district de Montréal.
M. Jacques Lebrun était resté veuf de bonne heure avec une fille unique qu’il avait eue de son mariage avec Mlle Dumont. Quelques affaires de succession qu’il avait à régler et le désir de voir la capitale où il n’était jamais venu, l’avaient amené à Québec. En entrant dans l’étude de l’avocat, il fut vivement frappé de la physionomie intéressante de Charles, mais il ne tarda pas à remarquer l’air ennuyé et un peu maladif du jeune homme. Comme nos bons habitans déguisent rarement leur pensée, M. Lebrun ne put s’empêcher de dire : mon Dieu, voilà un Monsieur qui aurait un terrible besoin de la campagne ! Pour le sûr que, s’il bûchait une demi corde de bois tous les matins, il prendrait bien vite meilleure apparence.
Là-dessus, enchanté de trouver un prétexte de se débarrasser pour quelque temps de notre héros dont les manières d’agir lui déplaisaient de plus en plus, et pensant aussi qu’une promenade à la campagne lui rendrait peut-être un peu d’énergie, M. Dumont fit à son beau-frère la proposition d’emmener effectivement avec lui M. Guérin, si toutefois, ajouta-t-il, cela convenait à l’un et à l’autre.
Charles, comme tous les gens romanesques, amateur par-dessus tout du neuf et de l’imprévu, faillit accepter sur le champ ; mais comme ce voyage devait être un des premiers actes d’indépendance de sa vie d’étudiant, il demanda une journée pour se décider et résolut de consulter ses amis Jean Guilbault et Henri Voisin.
Le soir même il réunit ce grave aréopage dans sa mansarde, et après mur délibéré, il fut dit d’une voix unanime que le voyage se ferait. Nous n’entrerons point trop avant dans les mo-