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de Campagne d’Horace. I. Part.

c’étoit ſur lui que la Mythologie avoit fondé toute ſa Fable des Enfers.


CLXXXIII. Averne célébre d’une manière toute différente.

La ſuperſtition antique regardoit en général tous les gouffres ſur tout ceux il paroiſſoit des ſouffres ou des feux, comme en étant des bouches. C’est d’après cette idée que Virgile y fait rentrer la Discorde Æneid. lib. VII. vers. 565. par les puits Sulfureux d’Amſancte dont j’aurai occaſion de parler. Elle ne pouvoit manquer en conſéquence de ſe former de l’Averne les idées le plus fortes dans ce genre. La hauteur & la grandeur de ſes bords, la qualité qu’on lui croioit d’être ſans fonds, le préſentoient comme un des plus grands abimes.


CLXXXIV. Origine, qualité de la ſuperſtition de l’Averne.

L’Eau de feu ou le feu d’Eau qui bouillone dans la Montagne qu’il baigne, étonne la penſée & frappoit encore davantage l’imagination. Mais ce qui achevoit de produire l’effet le plus singulier, c’étoit une haute & épaisse forèt, ouvrage de l’art ou de la Nature, qui élevoit sur le Lac comme un temple d’ombre éternelle le plus religieuſement horrible. Tout cela n’auroit donné cependant que des idées confuſes de la Théologie de l’Averne ; ce qui dut lui donner ſa forme, ce fut une Colonie venue du Boſphore Cimmérien & qui s’établît ſur l’Averne de la manière la