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Découv. de la Maison

tant pour le projèt que pour l’execution, le Poignard enſanglanté encore à la main, invoqua hautement Cicéron[1]. Celui-cy accourut à la première nouvelle de ce qui s’étoit paſſé. Peu effraïe du Pouvoir dont il trouva Antoine ſaiſi, il n’eut qu’à emboucher la trompette de ſon Éloquence, pour armer contre lui, Rome entière redevenue Romaine par ſes discours. Les Philippiques n’auroient pas été moins puiſſantes, que ne l’avoient été dans une autre occaſion les Catilinaires ſans une faute, que fit Cieéron, & qui en ruina tout l’effet.


CXXVI. Il arme Rome contre Antoine ; mais ſe laiſſe tromper par Octave.

Céſar avoit adopté le jeune Octave, & le deſtinoit à être ſon Succeſſeur. La chute ſi imprévue du Pere ſembloit devoir entraîner d’autant plus infailliblement celle du Fils, qu’il ne ſe trouvoit âgé que de dix-huit ans. La diſſimulation ſupléant à la Force, il feint de ſe jetter entre les bras de Cicéron comme dans ceux d’un Pere, ou d’un Tuteur, & il ne lui parle que de ſes ſentimens pour le parfait rétabliſſement de la Liberté. La prudence même commune avertiſſoit de ne jamais ſe fier au Ne-

  1. Brutus cruentum Pugionem tenens Ciceronem exclamavit. Phillipic. II. n. 20.