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de Campagne d’Horace. I. Part.

re de tout Romain diſtingué ; mais ſes vœux ne reclamoient que la ſeconde : c’étoit celle pour la quelle il étoit fait. Il n’avoit pas plutôt eu part aux affaires publiques, qu’il s’étoit aquis la plus grande Autorité, soit dans le Sénat qui déliberoit, soit sur le Peuple qui reſolvoit. L’aſſemblée des Sages ſe faisoit un devoir de ſe rendre à la Raiſon qui s’exprimoit par la bouche de la Vertu en Cicéron. La multitude a beau être un Monſtre à une infinité de Têtes, Cicéron n’avoit gueres besoin, que de paroitre ſur les Roſtres pour lui impoſer ces Chaînes, que nos anciens Gaulois faiſoient ſortir de la bouche de leur Mercure en ſigne du pouvoir de l’Éloquence. Il fut capable de lui faire abroger une Loi agraire portée par un de ſes Tribuns, quoique ces ſortes de Loix fuſſent ſon pain ſelon une expression de Pline.

Tel avoit été Cicéron. Plus il avoit été grand dans la République, plus il avoit à craindre de ceux dont toute la penſée étoit qu’il n’y en eut plus. Il en fut quitte cependant pour la peur ſous César. Le trait eſt des plus dignes d’être dévelopés.


CXXIV. César qui defeſpere de ne pouvoir gagner ſon Cœur et d’égaler la Gloire le laiſſe vivre. Vie de Cicéron pendant la vie de Céſar

L’ambitieux César vit dans le vertueux Cicéron quelqu’un, dont il deſeſpéra également de gagner le Cœur & d’égaler la