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xv
PRÉFACE

Horace est le ſeul Auteur dont on ne ſe laſſe point. Un appât toujours renaiſſant, ou tient continuellement en haleine, ou rapelle ſans ceſſe. Il n’en faut point être étonné. C’eſt chez lui la plus ſublime Philoſophie rendue par la plus rare Poésie. « J’ai relû à Préneſte, diſoit Horace à Lollius, le Chantre de la Guerre de Troïe. Je vous avoue que j’y ai trouvé le beau, le bon & leurs opposés, exprimés avec une beauté qu’ils n’ont ni chez Chriſippe, ni chez Crantor tous grands Philoſophes de profeſſion qu’ils ſont[1]. » On ne peut pas ſeulement faire d’Horace l’éloge ſublime qu’il fait lui même d’Homére d’être un Poëte plus philoſophe que les Philoſophes même ; on doit ajouter qu’il le mérite à un titre encore ſupérieur. Le Poëte Grec donne ſans doute les plus belles leçons de Vérité & de Vertu : mais c’eſt à l’aide des fictions, par la raiſon exprimée par Pindare, que le

  1. Trojani belli Scriptorem, Maxime Lolli
    Dum tu declamas Romæ Prosneſte relegi,
    Qui, quid ſit pulchrum, quid turpe : quid utile
                            quid non
    Plenius ac melius Chrisippo ac Crantore dicit.
                                       lib. I. ep. 2.