lieu ; les Chinois y vont & pluſieurs autres
Nations, on peut s’y fortifier aiſément
ſur le bord de la Rivière. Cette Place
appartient à une Reyne qui eſt tributaire
du Roy de Siam, qui à parler proprement
on eſt quaſi le maître.
Quant à leurs Soldats ce n’étoit point la coutume de les payer ; le Roy d’apreſent ayant ouy dire que les Roys d’Europe payoient leurs troupes, voulut faire la ſupputation à combien monteroit la paye d’un foüen par jour, qui eſt cinq ſols ; mais les Controlleurs lui firent voir qu’il falloit des ſommes immenſes, à cauſe de la multitude de ſes Soldats, de ſorte qu’il changea cette paye en ris qu’il leur fait diſtribuer, du depuis, il y en a ſuffiſamment pour leurs nourritures, & cela les rend tres-contens ;, car autrefois il falloit que chaque Soldat ſe fournit de ris, & qu’il le portât avec ſes armes, ce qui leur peſoit beaucoup.
À l’égard de leurs Bâteaux & Vaiſſeaux, leurs Balons d’Etat ou Bâteaux que nous appelions ſont les plus beaux du monde ; ils ſont d’un ſeul arbre, & d’une longueur prodigieuſe, il y en a qui tiennent cinquante juſqu’à cent & cent quatre-vingt rameurs ; les deux pointes ſont tres-relevées, & celuy qui les gouverne donnant du