ferment leurs beſtiaux la nuit. Ils n’ont
point de Religion ; à la vérité dans la plaine
Lune ils font quelques cérémonies,
mais qui ne ſignifient rien. Leur Langue
eſt fort-difficile à apprendre. Il y a une
grande quantité de gibier, comme faiſans,
de trois ou quatre ſortes de perdrix, paons,
lievres, lapins, chevreüils, cerfs & ſangliers ;
les cerfs y ſont en ſi grande abondance,
que l’on en voit des vingt mille enſemble
dans des plaines, ce qui m’a été
aſſeuré par des gens dignes de foy. Nous
avons mangé d’une partie de ce gibier, qui
eſt tres-bon & d’un goût admirable. Les
moutons y ſont en ce lieu d’une groſſeur
prodigieuſe, peſans ordinairement quatre
vingts livres. Il y a auſſi grand nombre
de bœufs & de vaches. La mer en cette
Baye eſt fort poiſſonneuſe, & le poiſſon y
eſt tres-bon ; il y en a un qui a le goût du
ſaumon, & qui eſt fort gros ; il y a quantité
de loups marins, & en nous promenant
ils venoient faire cent tours devant
la poupe de nôtre canot ; on tira deſſus
ſans en pouvoir tuer aucun. Il y a quantité
de chevaux ſauvages, qui ſont les plus
beaux du monde, ils ſont rayez de rayes
blanches & noires (j’en ay apporté la peau
d’un ;) on ne les ſçauroit qu’à grande peine
dompter. Comme ce païs eſt très bon,
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Relation