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Relation

Le 12. j’en partis, & j’allay coucher à deux lieues de Siam, où deux Mandarins me reçurent encore. Les Chefs des Compagnies Angloiſes & Hollandoiſes m’y vinrent faluër ; à l’égard des François, ils m’étoient venu trouver à mon bord, & m’accompagnerent toujours depuis. Je reſtai en ce lieu-là juſqu’à ce que je fis mon entrée.

La Riviere de Siam nommée Menan eſt fort belle & fort large, elle a partout au moins quatre braſſes d’eau, & ſept & huit en la plûpart des endroits ; elle eſt toute bordée de très beaux arbres : mais trois ou quatre mois de l’année tous ſes rivages ſont innondés, ce qui fait que toutes les maiſons qu’on y rencontre ſont bâties ſur des pilotis, & faites toutes de banbous. Ce bois ſert aux Siamois à faire tant les fondemens & les planchers, que le deſſus de leurs maiſons ; ils s’en fervent auſſi pour faire ce dont ils ont beſoin dans leur ménage, n’ayant preſque rien qu’ils ne faſſent de ce bois, juſqu’à en allumer du feu, s’en ſervant comme de pierres à fuſil, ils n’ont qu’à racler un peu de ce bois, & le frotter enſuite l’un contre l’autre, il s’allume d’abord. Tous les peuples de ces endroits ont de petits canaux & des barques pour aller de maiſons en maiſons faire leur commerce. On n’y voit preſque travailler que les femmes, les hommes étant le plus ſouvent em-