darins & les Gouverneurs de Bancok & de
Pipely avec pluſieurs autres me vinrent
complimenter ſur mon arrivée, me ſouhaitant
une longue vie. Cette maiſon étoit
faite de banbous, qui eſt un bois fort léger,
& couverte de nattes aſſez propres. Tous
les meubles en étoient neufs, il y avoit
pluſieurs chambres tapiſſées de toile peinte
fort belle : la mienne avoit de tres-beaux
tapis ſur le plancher, j’y trouvay un
dais d’une étoffe d’or fort riche, un fauteuil
tout doré, des carreaux de velours très-beaux,
une table avec un tapis brodé d’or,
des lits magnifiques ; j’y fus ſervy de viandes
& de fruits en quantité. Aprês-dîné je
partis, & tous les Mandarins me ſuivirent.
J’allay à Bancok, qui eſt la première Place
du Roy de Siam dans cette riviere, éloignée
d’environ douze lieues de la mer. Je
trouvay à la rade un Navire Anglois, qui
me ſalua de vingt & un coups de canon ; les
Fortereſſes du lieu qui gardent les deux
côtez de la riviere me ſaluërent, l’une de
vingt-neuf coups, & l’autre de trente un.
Ces Fortereſſes ſont aſſez regulieres &
fournies de gros canons de fonte ; je logeay
dans la Fortereſſe d’à main gauche, dans
une maiſon aſſez bien bâtie & bien meublée,
& où je fus traité à la mode du païs.
Le lendemain dixiéme j’en partis ſur les