landois, nous ne laiſſâmes pas d’échoüer
ſur un banc de ſable vazeux ; mais comme
il y a beaucoup de bancs de cette même
ſorte dans ce Détroit, & qu’il arrive à pluſieurs
Vaiſſeaux d’y échouer ſans grand
péril, cela ne me donna pas d’inquiétude ;
je fis porter un petit ancre à la mer du
côté de Sumatra, & en moins de deux
heures je me tiray de deſſus ce banc. Nous
fûmes quatre jours à paſſer ce Détroit.
L’Iſle de Sumatra eſt à la gauche, qui a
plus de deux cens cinquante lieuës de
long, & cinquante où elle eſt plus large :
les Hollandois y ont quatre ou cinq fortereſſes ;
les peuples y ſont tous Mahometans,
& elle eſt habitée des naturels
du Païs, qui obéïſſent à quatre ou cinq
Rois. La Reine d’Achem en a un des
plus grands Royaumes, & y regne avec
une grande autorité, elle gouverne très-bien
ſes peuples : les Hollandois ſont
preſque maîtres de tous ces Rois, ils
traitent avec eux des choſes qui croiſſent
dans l’Iſle, où il y a des mines d’or,
beaucoup de poivre, quantité de ris, toutes
ſortes de beſtiaux : en quelques cantons
les peuples ſont fort barbares, & les Rois
ſe font ſouvent la guerre. Ceux qui prennent
la protection des Hollandois ſont
toûjours les plus forts, à cauſe des Trou-
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