heures du matin nous mîmes à la voile,
& nous prîmes la route pour paſſer le Détroit
de Banca ; nous fîmes ce jour-là d’un
petit vent dix lieuës, & le ſoir ſur les neuf
heures on me vint dire qu’il y avoir au devent
de nous un Vaiſſeau qui arrivoit ſur
l’Oiſeau où j’étois ; je dis à l’Officier
qu’on ſe tint ſur ſes gardes ; un moment
aprés je vis par ma fenêtre ce Navire qui
nous abordoit : on cria d’où étoit le Navire,
mais on ne répondit rien, & montant
ſur le Pont je trouvay tout mon monde
ſous les armes, & le Beaupré de ce Navire
ſur la Poupe du mien ; je luy fis tirer une
vingtaine de coups de fuſils qui le firent
déborder, & il fit vent arriere s’en
allant à toutes voiles ; nous ne ſçûmes de
quelle nation il étoit, car perſonne de ce
Navire ne dît jamais une parole, & nous
ne remarquâmes que tres-peu de monde
dans ce Vaiſſeau : je crois que c’étoit quelque
Navire Marchand qui faiſoit fa route,
& qui fit une méchante manœuvre ; il
rompit quelque choſe du couronnement
de mon Vaiſſeau, qui fut racommodé le
lendemain.
Le Mardy vingt-huitiéme au ſoir nous vîmes l’entrée du Détroit de Banca, & le vingt-neuf au matin nous y entrâmes. Quoique nous euſſions un bon Pilote Hol-