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Relation

ne ; il faiſoit beaucoup de bruit & peſoit environ 300. livres ; ce poiſſon eſt bon à manger & le harpon dont on ſe ſert pour le prendre eſt comme le fer d’une flèche, quand il eſt une fois entré il ne peut plus reſſortir. On met cet harpon au bout d’un morceau de bois bien long que l’on attache à une corde, un Matelot adroit tient cet harpon dans la main à l’avant du Navire, &ce poiſſon venant à paſſer proche de luy il luy jette le harpon, l’ayant touché il défile la corde pour que le poiſſon perde ſon ſang & ſa force ; enſuite on le retire. Le vingt-neuf nous prîmes de la meſme maniere deux autres poiſſons que l’on nomme Marſoins, ils ſont preſque de la meſme figure que le ſouffeur, à la reſerve qu’ils ont la tête & le muſeau long, & le ſoufleur l’a preſque ronde. Ils pouvoient bien peſer cent cinquante livres chacun ; ils ſont auſſi tres-bons à manger. Nous eſtions du côté du Nort avec un bon vent ; je n’ay eſté que trente deux jours en route du Cap de Bonne-Eſperance à la Ligne, & en allant j’avois employé de la Ligne au Cap ſept ſemaines, parce que la route eſt beaucoup plus longue par les vents d’oueſt qu’il faut aller chercher.