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du Voyage de Siam.

y a des Barques qui y vont pour ſaller de ces tortues, qu’elles portent aux Iſles de l’Amérique & que les habitants achetent pour leurs eſclaves ; comme j’avois un bon vent je ne m’y arreſtay point, ne voulant pas perdre de temps à paſſer la Ligne Equinoxiale ; car quelquefois on y reſte longtemps à cauſe des grands calmes & des pluycs qu’on y trouve ; le 28. Avril je paſſay la Ligne avec un temps admirable, les chaleurs n’étant point incommodes, peu de calme & de pluye ; c’étoit la quatriéme fois que je l’avois paſſée dans ce voyage ſans avoir quitté le juſt’au-corps de drap doublé de meſme ; tout mon monde & mon équipage eſtoient lors en tres-bonne ſanté à la reſerve de quatre ou cinq qui eſtoient malades du flux de ventre depuis Siam ; cette maladie ſe guerit rarement dans ces pays-là, il ne m’eſt mort que dix ou douze Matelots ou Soldats. Nous ne vîmes que tres-peu de poiſſon dans cette traverſe, ce qui eſt contre coutume, car ordinairement il s’y en trouve en grand nombre ; nous harponnâmes un gros poiſſon que l’on appelle ſouffleur, environ huit pieds de long & quatre de large, il avoit ſur la tête un trou par où il reſpire & jettoit de l’eau en l’air comme une fontai-