Prés le peu que je viens de raconter
de la Religion, des Mœurs, du Gouvernement,
de la ſçituation & de diverſes
choſes curieuſes du Royaume de Siam,
je reviens à mon départ de la rade où j’ay
interrompu le fil de ma Relation & je diray
que j’en partis le vingt-deuxiéme Décembre
de l’année derniere mil fix cens-quatre-vingt
cinq.
Je me mis à la Voile ſur les trois heures du matin avec un bon vent du Nort qui m’a continué tout le long des côtes de Camboge qui eſt un Royaume limitrophe de Siam, en tirant vers la Cochinchine. Les peuples de ces deux Royaumes ont la meſme croïance & vivent de la meſme maniere. Il ne ſe paſſa rien de digne d’être remarqué juſqu’au d’étroit de Banca où j’échoüay par le travers d’une Iſle qui ſe nomme Lucapara, ſur un banc de vaſe où il n’y avoit que trois braſſes d’eau, & il en falloit plus de dix-ſept pieds pour le Vaiſſeau, cela ne m’inquieta pas, & donna ſeulement de la peine à l’équipage que