femmes ne ſe divertiſſant à faire aucun ouvrage,
ſon habillement eſt aſſez simple &
fort léger, elle eſt nue jambe, elle a à ſes
pied dés petites mulles ſans talons d’un
autre façon que celles de France ; ce qui
lui ſert de juppe eſt une piece d’étoffe de
ſoye ou de coton qu’on appelle paigne,
qui l’enveloppe depuis la ceinture en bas
& s’attache par les deux bouts, qui n’eſt
point plicée, de la ceinture en haut elle
n’a rien qu’une chemiſe de mouſſeline qui
luy tombe deſſus cette maniere de juppe,
& qui eſt faite de même que celle des hommes,
elle a une écharpe ſur la gorge qui
luy couvre le col & qui paſſe par deſſous
les bras, elle eſt toûjours nuë teſte, & n’a
pas les cheveux plus longs que de quatre
ou cinq doigts, ils luy font comme une
tête naiſſante ; elle aime fort les odeurs,
elle ſe met de l’huile à la teſte ; car il faut
en ces lieux-là que les cheveux ſoient luiſans,
pour être beaux, elle ſe baigne tous
les jours meſme plus d’une fois qui eſt la
coûtume de toutes les Indes, tant à l’égard
des hommes que des femmes ; j’ay
apris tout ceci de Madame Conſtans qui
va ſouvent luy faire ſa Cour. Toutes les
femmes qui ſont dans ſa Chambre ſont
toûjours proſternées & par rang, c’eſt-à-dire
les plus-vieilles ſont les plus proches
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