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du Voyage de Siam.


table ſeparée, & ce ſont des femmes qui les ſervent qui ſont toûjours proſternées.

Cette Princeſſe a ſa Cour compoſée des femmes des Mandarins qui la voyent tous les jours, & elle tient Confeil avec ſes femmes de toutes ſes affaires, elle rend juſtice à ceux qui luy appartiennent, & le Roy luy ayant donné des Provinces dont elle tire le revenu & en entretient la Maiſon, elle a ſes châtiment & exerce la juſtice. Il y eſt arrivé quelquefois que lorſque quelques femmes de la maiſon ont été convaincues de médiſances d’extrême conſideration, ou d’avoir révélé des ſecrets de très grande importance, elle leur a fait coudre la bouche.

Avant la mort de la Reyne ſa mere, elle avoit à ce que l’on dit du penchant à faire punir avec plus de ſeverité ; mais du depuis qu’elle l’a perduë elle en uſe avec beaucoup plus de douceur ; elle va quelquefois à la chaſſe avec le Roy, mais c’eſt dans une fort belle chaiſe placée ſur un Elephant & où quoy qu’on ne la voye point elle voit neanmoins tout ce qui s’y paſſe. Il y a des Cavaliers qui marchent devant elle pour faire retirer le monde, & ſi par hazard il ſe trouvoit quelque homme ſur ſon chemin qui ne pût pas ſe retirer, il ſe proſterne en terre & luy tourne le dos. Elle eſt tout le jour enfermée avec ſes