nous gagnions en douze heures, nous le
perdions en quatre, à cauſe des calmes
qui venoient quelquefois. Avant d’entrer
dans ce Détroit la Fregate qui m’avoit
perdu le vingt-quatrième Juin s’y trouva
ce même jour, & nous nous vîmes d’abord
ſans nous reconnoître. Le treiziéme
nous doublâmes toutes ces Iſles, & nous
mouillâmes à une lieuë de l’Iſles de Java :
il en vint diverſes perſonnes à mon bord
dans de petits batteaux ; elles nous apporterent
des fruits du païs, comme cocos,
dont l’eau qui y eſt renfermée eſt extrêmement
bonne à boire, bananes, melons,
citrons, & pluſieurs autres de ces
ſortes de rafraichiſſemens ; ils firent
du bien à l’équipage fort fatigué de la
mer, & beaucoup incommodé du ſcorbut.
Le ſeiziéme au matin nous moüillâmes devant Bantam, où je trouvay la Frégate la Maline, qui m’y attendoit depuis deux jours ; le Capitaine qui la commandoit me vint dire que le Gouverneur Hollandois de Bantam ne luy avoit point voulu donner d’entrée, & qu’il luy avoit envoyé ſeulement quelques vollailles & quelques fruits : auſſitôt je fis partir Monſieur de Forbin Lieutenant de mon Navire, pour faire compliment de ma part à ce Gouver-