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Pourquoi troubles-tu nos désirs
Par mille craintes ridicules,
Et de nos innocents plaisirs
Viens-tu nous faire des scrupules ?

Demande aux hôtes de ces bois
Si la guide la plus fidèle
N’est pas la pente naturelle,
Plus sage que toutes les lois ;
Et si jamais dans leurs tanières
Ils eurent la démangeaison
De venir chercher tes lumières,
Ou t’emprunter de la raison.

Toi seul, auteur de ces caprices
Par qui Vénus soutient sa cour,
Tu viens sophistiquer l’amour
Par un attirail d’artifices.
Qui jamais ouït les oiseaux,
Accablés de fers et de chaînes,
Étourdir rochers et ruisseaux
Du triste récit de leurs peines ?

C’est toi qui fais ces beaux romans
Qui, toujours loin de la nature,
Par leur vaine et folle lecture
Font tourner la tête aux amants :
Les pigeons et les tourterelles
Savent se plaire et se charmer ;
Fut-il quelque Ovide pour elles
Qui fit jamais un Art d’aimer ?