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Ou qu’au bon siècle de Catulle,
Simple dans ses expressions,
Et de Virgile et de Tibulle
Elle chantoit les passions !

Mais non, de quelque rime rare,
De pointes, de raffinements,
Tu cherches les vains ornements
Dont une coquette se pare ;
Et, suivant les égarements
Où jette une verve insensée,
Tu négliges les sentiments,
Pour faire briller la pensée.

Tel ne chantoit, au bord des flots
Du Mincius, l’heureux Tityre,
Mais simplement faisoit redire
Le nom d’Amarylle aux échos ;
Et les naïades attentives
Quittoient leurs joncs et leurs roseaux
Pour venir danser sur ses rives
Au doux son de ses chalumeaux.

Esprit, tu séduis ; on t’admire,
Mais rarement on t’aimera :
Ce qui sûrement touchera,
C’est ce que le cœur nous fait dire ;
C’est ce langage de nos cœurs
Qui saisit l’âme et qui l’agite ;
Et de faire couler nos pleurs
Tu n’auras jamais le mérite.