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ODE CONTRE L’ESPRIT
1708.


Source intarissable d’erreurs,
Poison qui corromps la droiture
Des sentiments de la nature,
Et la vérité de nos cœurs ;
Feu follet, qui brilles pour nuire,
Charme des mortels insensés,
Esprit, je viens ici détruire
Les autels que l’on t’a dressés.

Et toi, fatale poésie,
C’est lui, sous un nom spécieux,
Qui nomma langage des dieux
Les accès de ta frénésie ;
Lui, dont tu pris l’autorité
D’aller consacrant le mensonge,
Et de traiter de vérité
La vaine illusion d’un songe.

Encor si, telle qu’autrefois,
Toujours modeste en sa parure,
L’églogue faisoit la peinture
Des bergers, des prés et des bois,