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Prêt à lui pardonner son manquement de foi,
Remets-lui les trésors dont ses mains infidèles
T’avoient si richement doté ;
Et, foulant aux pieds ses largesses,
Préfère à l’éclat des richesses
Une honorable pauvreté.
C’est lors que tu verras la troupe fugitive
De tous tes complaisants disparaître à tes yeux,
Et leur amitié trop craintive,
Qui te cherchoit partout, t’éviter en tous lieux…
À ces adversités oppose un front d’airain ;
Reçois d’un visage serein
La nouvelle de ta défaite :
Fais une honorable retraite ;
Ne va point par des cris exhaler ta douleur;
D’aucun emportement qu’elle ne soit suspecte ;
Et que ton silence respecte
L’injustice de ton malheur.
Étouffe dans ton cœur tout retour de tendresse
Vers un objet ingrat de ta tendre amitié ;
Et chasse comme une foiblesse
L’indigne sentiment d’aller faire pitié :
Va plutôt, d’une âme hardie,
Suivre le sentier peu battu
De ceux qui, comme moi, bravent la perfidie
D’amis dont le cœur abattu
Laisse le mensonge et l’envie
Attaquer la plus belle vie,
Et faire injure à la vertu.