Page:Chaulieu - La Fare - Poésies, 1803.djvu/54

Cette page n’a pas encore été corrigée

En voit cent d’une seule vue,
Chaque jour tes heureux talents,
Aux gens d’état si nécessaires,
Des plus épineuses affaires
Te feront des amusements :
Ainsi, hélas ! les mouvements
Dont l’embarras paroît extrême,
Le sage trouve des moments
Pour habiter avec lui-même.

Surtout que la grandeur n’enfle point ton courage ;
Avec un esprit haut mêle un accueil si doux
Que qui de ta fortune auroit été jaloux,
Te pardonne tout l’avantage
De ton odieuse splendeur,
En faveur du modeste usage
Que tu feras de ta grandeur.
Mais, parmi quoi qu’on puisse faire,
La prudence ne sert de rien :
La fortune est femme et légère,
Son caprice seul la retient.
Des plus aimables maîtresses
Elle a l’empressement et la vicacité ;
Mais ses infidèles caresses
Tiennent de leur légèreté ;
Tremble donc au milieu de ta prospérité.
Quand, du battement de ses ailes,
La volage divinité
Portera ses faveurs nouvelles
Chez un bien moins digne que toi,