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Dès-lors que, né sous d’heureux temps
Où le mérite et les talents
Ont une sure récompense,
Sans qu’il en coûte d’innocence,
De manège ni de détour,
Sans l’indigne métier d’aller faire sa cour,
Un doux regard de la fortune,
Après un long aveuglement,
D’une condition commune
Vous appelle au gouvernement,
On ne doit plus souffrir que la raison réplique ;
II faut pour son pays un entier dévoûment ;
Et l’on doit rigoureusement
Compte de ses talents à la chose publique.
Adieu donc pour jamais, calme, tranquillité,
Enfants de mon indépendance ;
Ne goûterai-je plus ma chère liberté
Dans les bras de la nonchalance ?
Quitte, quitte, Damon, d’inutiles regrets
Qui doivent au plus être faits
Pour ces esprits bornés qui ne font rien sans peine,
Et qui, sur leurs bureaux attachés à la chaine,
Abîmés dans un vil détail,
Mais privés des clartés que le ciel leur dénie,
Croient que la peine et le travail
Peuvent tenir lieu de génie.

Pour toi, de qui l’esprit dans sa vaste étendue
Découvre tout d’un coup la fin et les moyens,
Et, fertile en expédients,