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Semble pourtant être née
Du sein de la volupté.

Apprends à mépriser le néant de la vie.
Songe qu’au moment que je veux
Enseigner l’art de vivre heureux,
Elle s’en va m’être ravie.
Les dieux sans m’appeler ont commencé son cours ;
Ils ont fixé sans moi le nombre de mes jours ;
Et quand leur haine m’a fait naître,
Leur pitié ne me laisse maître
Que de l’instant présent dont j’ai droit de jouir.
Tandis que je m’en plains, il va s’évanouir.
Mais bien loin que la vitesse
Dont s’écoulent nos beaux ans
Soit un sujet de tristesse,
Il faut que notre sagesse
Tire de la fuite du temps,
De la mort, de nos maux, et de notre foiblesse,
Les raisons de nous réjouir.

Aux pensers de la mort accoutume ton âme ;
Hors son nom seulement elle n’a rien d’affreux.
Détachez-en l’horreur d’un séjour ténébreux ;
De démons, d’enfer et de flamme,
Qu’aura-t-elle de douloureux ?
La mort est simplement le terme de la vie ;
De peines ni de biens elle n’est point suivie :
C’est un asile sûr, c’est la fin de nos maux,
C’est le commencement d’un éternel repos ;