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Après tant de bienfaits, quoi ! j’aurai l’insolence,
Dans une mer d’erreurs plongé dès mon enfance
Par l’imbécile amas de femmes, de dévots,
À cet être parfait d’imputer mes défauts ;
D’en faire un dieu cruel, vindicatif, colère,
Capable de fureur, et même sanguinaire ;
Changeant de volonté; réprouvant aujourd’hui
Ce peuple qui jadis seul par lui fut chéri !
Je forme de cet être une plus noble idée ;
Sur le front du soleil lui-même il l’a gravée.
Immense, tout-puissant, équitable, éternel,
Maître de tout, a-t-il besoin de mon autel ?
S’il est juste, faut-il, pour le rendre propice,
Que j’aille teindre les ruisseaux,
Dans l’offrande d’un sacrifice,
Du sang innocent des taureaux ?

Dans le fond de mon cœur je lui bâtis un temple ;
Prosterné devant lui, j’adore sa bonté,
Et ne vas point suivre l’exemple
Des mortels insensés de qui la vanité
Croit rendre assez d’honneurs à la divinité
Dans ces grands monuments de leur magnificence,
Témoins de leur extravagance
Bien plus que de leur piété.

Un esprit constant d’équité
Bannit loin de moi l’injustice ;
Et jamais ma noire malice
N’a fait pâlir la vérité,