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Ni tous ces vains plaisirs qui passent comme un songe,
Pussent être l’objet de tes sévérités,
Et si j’ai pu penser que tant de cruautés
Puniroient un peu trop la douceur d’un mensonge.

Eh quoi ! disois-je, hélas ! au fort de mes misères,
Ce Dieu dont on me peint les jugements sévères,
C’est le Dieu d’Israël, c’est le Dieu de nos pères,
Oui, toujours envers eux si prodigue en bienfaits,
A pour les secourir oublié leurs forfaits ;
C’est ce Dieu qui pour eux renversa la nature,
Et qui, pour leurs soulagements,
Força même les éléments
À rompre cet ordre qui dure
Depuis la naissance des temps ;
Et c’est ce même Dieu de qui la main puissante
De ma frêle machine ajusta les ressorts,
Et, dès-lors qu’elle est chancelante,
Rallume mon esprit, et ranime mon corps !
Son souffle m’a tiré du sein de la matière ;
C’est lui qui chaque jour me prête sa lumière ;
Lui, dont, malgré mes maux et l’état où je suis,
Je compte les bienfaits par les jours que je vis :
En ce Dieu de pitié j’ai mis ma confiance ;
Trop sûr de ses bontés, je vis en assurance
Qu’un Dieu, qui par son choix au jour m’a destiné,
À des feux éternels ne m’a point condamné.

Voilà par quels secours mon âme défendue
A banni les terreurs dont on l’a prévenue,